Autonomie et politique

Autonomie et politique.

A propos de l’œuvre de Francisco VARELA

NOTE:

Cet article a été présenté dans le cadre d’un séminaire interne à ECOLO,
en août 1995. Il conserve toutefois toute sa pertinence. 

 

Introduction

Il est des auteurs étonnants, dont les recherches et la personnalité valent le détour, tant pour leurs apports scientifiques au sens strict, quand on s’intéresse de près au domaine qu’ils traitent, que pour la stimulation de la réflexion, de manière plus générale, que leurs écrits peuvent susciter.

Francisco VARELA est manifestement un de ceux-là. Parti de la recherche en biologie médicale au Chili, des mécanismes en jeu dans la vision chez les insectes, il consacre maintenant ses recherches, entre les Etats-Unis et la France, aux domaines de l’intelligence artificielle et des neurosciences. (1) Depuis plus de vingt ans, ses travaux et les généralisations qu’ils permettent ont des répercussions dans d’autres champs disciplinaires que les siens, précisément pour la portée épistémologique que ses recherches comportent.

Cette note nous convie à explorer en quoi des contributions telles que les siennes sont susceptibles de nous faire progresser dans la réflexion sur ce sujet qui nous occupe : écologie et action politique.

Pour ce faire, on tente un parcours qui resitue les apports de l’écologie dans leurs contextes, des contextes où peuvent prendre place, dans un second temps, les apports de VARELA. On discutera ensuite la question de savoir en quoi ces contributions peuvent aujourd’hui enrichir la réflexion sur les rapports entre l’État, les acteurs politiques et la société dans toutes ses composantes. On verra aussi en quoi le caractère général des distinctions qu’il opère les rend pertinentes pour tout domaine de l’action et de la connaissance.

 

I  Situer l’écologie

1.1.                  Ecologie – biologie

Il est commun de rappeler que l’écologie est, historiquement, une discipline scientifique issue de la biologie. On perçoit moins souvent, toutefois, ce que cette approche pouvait avoir de « révolutionnaire », dans le contexte où elle est apparue. Au moment où le biologiste allemand Ernst Haeckel fonde l’écologie, en 1866, comment fait-on de la science en biologie ? On fait de la zoologie, de l’ornithologie…, mais surtout de la botanique, branche-reine de la discipline. Au sein d’une nomenclature systématique, les botanistes s’efforcent de répertorier les plantes, de les classer une à une par exemple en genre et espèce et, accessoirement, d’y associer leur propre nom, pour la postérité.

L’approche de Haeckel est fondamentalement différente. Délaissant les répertoires, les nomenclatures et l’intérêt particulier pour des objets vivants séparés, c’est davantage aux interrelations entre des éléments reliés qu’il va s’intéresser. Pour lui, ce ne sont pas les caractéristiques essentielles d’un poisson ou d’un insecte particuliers qui l’intéressent, mais le rôle qu’ils jouent dans le milieu où ils trouvent place et la façon dont ils contribuent, à leur manière, à son maintien. De plus, il ne se limite pas, dans son approche, aux phénomènes strictement biologiques, puisque il inclut dans son étude la nature des sols, l’énergie solaire, les vents, les températures moyennes, etc. Pour lui, c’est bien cet ensemble d’éléments qu’il s’agit de prendre en compte, lorsqu’on entreprend de comprendre un « écosystème », la manière dont il conserve son équilibre autant qu’il se transforme.

 

1.2.                  Ecologie – projet politique

La question du passage de l’écologie scientifique à l’écologie politique demanderait, tout comme le paragraphe précédent, un développement qui dépasserait la portée de cette note. (2) Le minimum que l’on puisse en dire ici est le fait qu’un certain nombre de problèmes, jusque là tenus comme ne relevant pas du domaine politique, y ont fait progressivement une entrée remarquée, notamment sous la forme de partis écologistes. Mais avant cela, ces questions ont été portées dans le « domaine public » par une série de groupements, d’associations, d’organisations qui ont fait un énorme effort de formation et d’éducation permanente, de « contagion culturelle » comme on le dirait à ECOLO.

Protection de la nature, contestation de l’armement et de l’électricité nucléaires, prise de conscience des « limites de la croissance », influence croissante des pays du Sud, grandes catastrophes écologiques,… l’énumération n’a pour but que de montrer la diversité des origines de la constellation qui compose la mouvance sur laquelle s’est construite la proposition de l’écologie politique. (3) Mais ses origines associatives amènent également sur le devant de la scène la volonté de « faire de la politique autrement », avec comme accents majeurs participation, autonomie, citoyenneté, etc. (4)

 

1.3.                  Écologie et épistémologie

Si l’écologie représente une nouveauté quant à la manière de faire de la biologie ou de faire de la politique, elle met aussi radicalement en cause des évidences fondatrices de la façon d’être au monde qui caractérisent la rationalité occidentale. La pensée dominante dans l’histoire intellectuelle de l’Occident conçoit les rapports entre l’homme et la nature sous la forme d’une séparation/domination. D’Adam qui nomme les animaux du jardin d’Eden à la conquête de l’Ouest, – deux exemples pris au hasard ! – il n’y a qu’un seul et même mouvement : celui de la prise de possession par l’homme de la nature, qu’il perçoit comme étrangère à lui et sur laquelle il peut exercer, tel sur un objet quelconque, sa volonté.

Il est tentant dès lors, d’aller voir comment d’autres traditions appréhendent cette question des rapports entre l’homme et la nature. De « notre Mère la Terre » des Amérindiens aux grands repères philosophiques de l’Orient, c’est une même intuition, comme une évidence, symétrique de la précédente : ce n’est pas la nature qui appartient à l’homme, mais c’est l’homme qui appartient à la nature et qui lui doit tout.

Pourtant, au sein même de l’histoire de la pensée occidentale, on pourrait trouver des courants de pensée qui permettent d’aborder ces questions et tout particulièrement la tradition dialectique. (5)

C’est notamment en cela que réside l’apport épistémologique de l’écologie. Elle permet d’affronter le paradoxe du rapport de l’homme à la nature : appartenance et non appartenance. Car dans la première option, si on accentue les liens au point de ne plus faire de distinctions, on renonce aussi à comprendre ; dans l’autre, la mise à distance que suppose la connaissance est exacerbée au point de méconnaître les liens. Une articulation dialectique est donc à trouver entre ces deux attitudes, une articulation qu’implique précisément la pensée écologique. Cela exige de celui ou celle, de ceux ou de celles qui s’efforce(nt) de penser/agir de cette manière un surcroît de réflexion, non seulement à propos de l’objet que l’on cherche à comprendre, mais à propos de notre façon de réfléchir elle-même.

Ce que vient apporter l’écologie, c’est une façon de concevoir les rapports entre la nature et les sociétés des hommes, non plus sur le mode de la séparation, mais sur le mode des liens circulaires. A l’échelle du monde, il n’existe plus de nature qui soit en dehors de l’action des hommes. Et réciproquement, les hommes ne peuvent plus concevoir d’action sur la nature qui ne soit aussi action sur eux-mêmes. (6)

On pourrait ici hasarder une hypothèse quant à cette attitude occidentale de séparation de l’homme d’avec la nature. Ne pourrait-on la lire comme un refus de reconnaître la part de naturel au sein de l’humanité, – la part de féminin au sein du masculin !? -, la part d’étrange au sein de ce dont l’homme moderne aimerait tant être le maître : lui-même ! (7) 

 

 

II  De l’autopoïèse à l’autonomie

2.1.                  Les balises du parcours

Ce survol à trop grands traits des apports fondamentaux que présente l’écologie, nous pourrions le refaire à propos d’un auteur très peu connu du grand public mais qui travaille actuellement dans l’un des secteurs de pointe des sciences contemporaines, aux croisements de la neurobiologie, de la psychologie et de l’informatique: l’Intelligence Artificielle.

Au fil de ce parcours qui pourrait, tout intéressant qu’il soit, paraître bien éloigné de notre objet, on va donc tenter de faire le même chemin à propos de cet auteur, Francisco VARELA. Ses travaux, réalisés en collaboration avec d’autres chercheur(e)s, ont pour base la recherche fondamentale en biologie médicale. Mais au-delà des nouvelles conceptions qu’ils apportent dans leur champ disciplinaire d’origine, – à son initiative ou du chef de lecteurs attentifs – généralisation qui déborde la cadre de l’immunologie pour, par les questions épistémologiques qu’ils posent, étendre sa pertinence à tous les secteurs de l’activité humaine et notamment politique.

 

2.2.      L’origine de ses travaux : défenses immunitaires cellulaires.

En tant que professeur à l’université du Chili, Humberto Maturana a eu comme étudiant puis comme collègue Francisco Varela. Ils ont mené des travaux sur les mécanismes de défense des organismes vivants, et cela au niveau cellulaire. Quels sont les moyens que met en œuvre une cellule contre les agents agresseurs extérieurs ? Comment discerne-t-elle, parmi ces agents extérieurs, ceux qui lui sont potentiellement favorables, des nutriments par exemple, et ceux contre lesquels elle doit mettre en œuvre ses capacités immunitaires. Telles étaient, grossièrement décrites, leurs questions de recherche.

C’est cette observation des phénomènes immunologiques qui les amènent à construire, perfectionner et proposer de nouveaux concepts, mieux à même de rendre compte de leurs observations que les conceptions habituelles, qui avaient cours jusqu’alors et qui dominent d’ailleurs encore aujourd’hui.

On considère habituellement que, contre l’agression d’un agent extérieur, la cellule met en place des réactions de défense. Dans cette conception, cet agent extérieur est considéré comme la cause de la réaction de la cellule, qui se défend contre cette agression. On peut d’ailleurs noter ici au passage la conjonction de deux habitudes de pensée : la pensée causale, d’une part et une métaphore guerrière, d’autre part.

Dans leurs observations, les chercheurs mettent en avant le rôle déterminant que joue la membrane de la cellule, c-à-d de la frontière qui, en quelque sorte, détermine les limites de ce qui est elle et son environnement. De manière dialectique, comme le note à de multiples reprises Edgar Morin, cette frontière constitue donc tout à la fois ce qui sépare la cellule de son environnement, mais également ce qui la relie à lui.

Ils notent que si le « système » (cellulaire) est capable de se défendre contre des éléments étrangers, c’est que, d’une certaine manière, il est capable de distinguer entre ce qui est lui et non lui, entre le soi du non-soi. C’est qu’il est capable de procéder à un retour sur soi, en une réflexivité grâce à laquelle il peut se re‑connaître. De quoi méditer, assurément.

Ils centrent donc leurs travaux sur la membrane cellulaire. Leurs recherches les amènent alors à mettre en évidence de composants du milieu cellulaire, situés dans le voisinage immédiat de la membrane et dont la fonction est d’en dynamiser les processus de production, d’entretien et de réparation. Or, l’existence de ces composants au sein du milieu cellulaire n’est possible que dans la mesure où existe cette membre, qui dessine la frontière entre elle et l’extérieur. D’une part, ces composants permettent à la membrane d’exister ; d’autre part, la membrane est nécessaire à l’existence de ces composants.

Voilà qui bouscule des habitudes de pensée, pour lesquelles le processus de production est séparé du produit de cette production, la cause est distincte de l’effet.

La chaîne linéaire :

n’est plus concevable.

Dans ces conditions, il n’est donc plus possible de distinguer les processus de production d’une part, et les produits en eux-mêmes de l’autre. Il s’agit plutôt d’un enchevêtrement de niveaux, comme les phénomènes vivants en sont coutumiers. Il n’est plus possible de distinguer le contenant du contenu, le niveau du méta niveau, la production de ses produits, les entrées des sorties, la cause de l’effet, le début et la fin… Ces distinctions ne sont plus pertinentes, heuristiques… Le paradoxe est consubstantiel à la vie…

Varela propose donc le schéma suivant (8)

Ce schéma tend à illustrer le fait que les produits se situent, dans une telle conception, au même niveau logique que les processus de production eux-mêmes. L’existence de limites permet la production de produits qui constituent à leur pour la limite la boucle est bouclée. (9) 

Les auteurs ont proposé le terme d’autopoïèse, pour rendre compte de ce genre de situation complexe, où un système se maintient par le jeu de la production réciproque les éléments qui le constituent, ce qui contribue à son identité, c’est-à-dire à le distinguer se son environnement. C’est du fonctionnement des interrelations dont ce système est le siège, un fonctionnement qui prévoit le remplacement de ses composants et la compensation des perturbations externes qu’il subit dont dépend la survie de ce système. Pour le dire dans les propres mots des auteurs :

 …une machine autopoïétique est un système homéostatique (ou, mieux encore, à relations stables) dont l’invariant fondamental est sa propre organisation. (le réseau de relation qui la définit) (10)

2.3.      L’origine de ses travaux : la clôture du système nerveux, l’exemple de la vision.

Dans la mesure où le monde de la cellule peut paraître bien étranger à la plus part d’entre nous, notamment par notre ignorance du domaine concerné, il peut être utile de prendre alors un autre exemple, davantage proche de notre expérience quotidienne : l’exemple de la vision.

De la manière la plus classique qui soit, nous concevons la vision comme un phénomène au cours duquel des éléments du monde, qui nous sont extérieurs sont « captés » par notre œil (ou plus précisément encore les rayons lumineux que ces objets émettent ou réfléchissent). Notre rétine contient de cellules photosensibles capables de transformer ces « informations » lumineuses en flux électrochimiques qui sera transmis, via  le nerf optique, au cortex visuel, où ces informations seront « traitées ». Tel est ce qu’on appelle communément « voir ». Or, dira Varela :

Cette première impression est néanmoins trompeuse. Une observation plus précise nous révèle que ce que je vois a plus affaire avec la façon dont je suis fait en tant que mécanisme, qu’avec un quelconque monde extérieur (*) . (11)

Quelle serait alors cette conception alternative ? Un examen plus détaillé de la physiologie du système nerveux en jeu dans la vision met notamment en exergue le Corps Genouillé Latéral (CGL), dans chaque hémisphère cérébral, le plus souvent décrit comme un intermédiaire entre la rétine et le cortex. Or les fibres nerveuses en provenance de la rétine pénétrant ce CGL ne représente que 20% des fibres nerveuses qui pénètrent à cet endroit, tandis que 80 % de diverses autres zones du cerveau. Voilà qui relativise beaucoup l’importance des flux transmis le long du nerf optique pour rendre compte du phénomène de la vision. Ce n’est pas le seul parcours linéaire de la rétine au cortex visuel qui est en jeu, mais l’activité du cerveau tout entier. Une telle conception peut sans doute nous paraître bien étrange. Elle n’est pourtant pas étrangère à notre expérience quotidienne puisque, comme le note Edgar Morin, sans que cela tienne lieu de preuve, nos yeux ne sont pas très importants pour voir puisque, lorsque nous rêvons, nous voyons, sans que nos yeux n’entrent en jeu !

Ainsi, le système nerveux apparaît comme un système « hyper-complexe » (12) déterminé par sa structure « interne », par son organisation, son hyper-connectivité. Les changements qui peuvent intervenir à l’extérieur de lui ont davantage le statut de perturbations qui nécessitent des compensations, des équilibrations et des rééquilibrations, plutôt que le statut de « cause » qui provoquerait sa « réaction ».

 

2.4.      Généralisation : deux clôtures.

Après l’examen sommaire de ces deux exemples, généralisons le propos, en présentant une distinction qui oppose deux conceptions des rapports entre une entité et son environnement.

Le couplage par input désigne les cas où le comportement d’une entité s’explique par les inputs, les intrants, par l’action sur lui d’agents qui lui sont extérieurs. De cette manière, l’identité de cette entité est définie de l’extérieur.

Le couplage par clôture désigne les cas où le comportement d’une entité s’explique par l’organisation des interactions entre les éléments qui le constituent et dont l’existence dépend récursivement les uns des autres. C’est du maintien et de la flexibilité de cette organisation que dépend le maintien de l’identité propre de l’entité en question.

Le couplage par input est davantage en conformité avec notre façon habituelle de penser en Occident, pour laquelle expliquer consiste en la recherche d’une cause. Par contre, le couplage par clôture, dans son insistance sur les déterminants internes au système que l’on cherche à connaître, remet en cause ces évidences mentales et nous invite, par la même occasion, à réfléchir sur la manière dont nous réfléchissons.

Varela indique la chose à diverses reprises, de façon quelquefois incidente comme dans la citation reprise ci-dessous, soit de façon tout à fait explicite, comme nous le verrons dans la prochaine section. Pour en citer un exemple, à nouveau repris au domaine cellulaire :

Nous pensons au contraire que tous les phénomènes immunitaires sont dirigés vers l’intérieur et non vers l’extérieur ; et l’organisme ne perçoit pas les matériaux étrangers en reconnaissant qu’ils sont étrangers, mais au contraire parce qu’ils interfèrent avec les réactions incessantes d’un réseau complexe d’interactions. (13)

 

2.5.      Généralisation. Auto-organisation, autonomie et connaissance.

Cette distinction, Couplage par Input — Couplage par Clôture ainsi que le concept d’autopoïèse, conçus au départ dans la champ de la biologie, ont donc un certain nombre de conséquences en ce qui concerne notre façon de réfléchir. Mais cela concerne non plus seulement des phénomènes médicaux ou biologiques, mais plus généralement tous les systèmes complexes. Il est alors nécessaire, en prenant les précautions qui s’imposent (14) , de s’interroger sur les implications épistémologiques que ces apports présentent. C’est particulièrement le cas des questions de l’identité et du changement. Une citation de Varela à nouveau:

Si un système manifeste une clôture opérationnelle, il en découle des conséquences de grande portée. La clôture et l’identité d’un système sont imbriquées d’une manière telle que, nécessairement, un système opérationnellement clos subordonne toute transformation à la conservation de son identité. (15)

C’est très précisément ce lien entre la clôture opérationnelle d’un système complexe et le maintien de son identité qui autorise la généralisation à des concepts de portée plus générale, comme le sont l’auto-organisation et l’autonomie, cette dernière étant entendue ici, non comme une qualité de maturité psychologique, en accord avec l’éthique post-moderne mais comme une façon de décrire et de comprendre le comportement de systèmes complexes.

Ces idées générales, ces macro-concepts que sont l’auto-organisation et l’autonomie sont entrés en résonnance avec les résultats de travaux menés dans d’autres champs disciplinaires. (16) L’ouvrage cité en note reprend des contributions d’auteurs travaillant sur des champs très différents, de l’anthropologie à la physique, de la philosophie des sciences à l’économie, de la neurophysiologie à la sociologie et donne un aperçu de l’étendue et de la variété des domaines où ces idées trouvent à s’appliquer. On y pose notamment des questions, vertigineuses à force d’être simples, dans leur formulation, tout au moins : « Qu’est-ce que connaître? Qu’est-ce que l’homme connaissant ? Et toute cette sorte de questions… » (17) 

Trois points encore, brièvement, avant de conclure cette section.

La notion de clôture opérationnelle tout d’abord. Très schématiquement, cette notion met en évidence le fait que tout système complexe tend à se clore sur lui-même et dès lors à privilégier, dans son comportement, les stimulations issues de son milieu interne, plutôt que celles venant de l’extérieur.

La question de l’observateur, ensuite. Car on insiste, dans cette épistémologie, sur le fait que c’est la position d’extériorité de l’observateur par rapport à la relation unité/environnement qui lui permet précisément de décrire les phénomènes observés dans des termes causalistes (tel changement dans l’environnement a provoqué tel comportement, telle réaction de l’unité considérée). Par contre, si l’on prend le point de vue de l’unité elle-même, celle-ci ne fait que compenser des perturbations, elle ne fait que transformer des états dynamiques internes, que mettre en œuvre l’hyper-connectivité que relie ses différents composants. Même, c’est précisément sa position d’extériorité qui offre à l’observateur de concevoir l’existence, pour l’unité concernée, d’un environnement dans lequel elle est située, alors que l’unité « se contente » de rattraper des déséquilibres partiels, au service du maintien de son identité.

Enfin, la nature de l’opposition entre le couplage par input et le couplage par clôture. S’il s’agit bien de deux épistémologies opposées, entre lesquelles il serait vain de tenter une synthèse à vocation réconciliatrice, il n’y a pas lieu non plus de prétendre que l’une puisse remplacer l’autre. On pourrait par exemple les voir comme deux temps d’une démarche de recherche portant sur un même objet. C’est la proposition que fait par exemple Pierre Livet. (18), en expliquant que l’on pourrait très bien, en étant conscient du passage de l’un à l’autre, adopter successivement les deux points de vue et aller ainsi, du couplage par input au couplage par clôture, comme vers un raffinement de l’analyse. Varela nous incite quant à lui à ne pas forcer cette différence.

…L’autopoïèse et l’allopoïèse sont des caractérisations complémentaires, plutôt qu’exclusives, d’un système. (19)

On pourrait cependant soutenir que (même si ces deux approches restent bien des questions de points de vue), selon le degré de complexité de l’objet, selon qu’on puisse le situer sur un continuum, aux extrémités duquel on trouverait les termes simple et complexe, l’approche par input s’avérera plus appropriée pour les objets simples et l’approche par clôture plus appropriée, pour les objets complexes.

 

  III  Autonomie et Action Politique

3.1.      Synthèse : des distinctions systématisées.

Il faut bien en convenir : l’œuvre de Varela présentée ici peut apparaître d’une part bien compliquée et technique, malgré les efforts de présentation auxquels on s’est appliqué, dans les lignes qui précèdent, et d’autre part assez distante des préoccupations annoncées dans le titre même de ce document. Il y a donc lieu de revenir, au moment de conclure ce texte, à la question centrale qui l’a motivé : le lien avec l’action politique. Toutefois, avant cette dernière étape, tentons une synthèse de ce qu’il y a lieu de retenir de déterminant, pour notre propos, dans les pages qui précèdent.

Les travaux de Varela, tant sur les mécanismes immunitaires au niveau cellulaire que sur la physiologie de la vision, l’ont amené à produire une distinction générale, dès lors qu’il s’agit d’expliquer les rapports entre une unité complexe et son environnement. Reprenons ici une des définitions qu’il donne lui-même des termes de cette opposition : Couplage par Input et Couplage par clôture.

Le couplage par input consiste à considérer que le système nerveux est essentiellement défini part des inputs. On considère généralement que ces inputs sont ou reflètent certaines caractéristiques ou qualités de l’environnement, qu’ils sont absorbés par le système nerveux comme un matériau brut, qui par la suite est travaillé de l’intérieur.(20)

Et le concept qui lui est opposé :

Le couplage par clôture, à l’opposé, consiste à penser que le système nerveux est défini essentiellement par ses divers modes de cohérence interne, lesquels découlent de sont interconnectivité.(21) 

Formulée en ces termes, cette distinction semble se cantonner aux domaines qui sont à son origine. Pourtant, en en généralisant la formulation, on en généralise aussi la pertinence. C’est ce que Varela propose lui-même de faire en opposant, de façon synthétique, le modèle de la commande et le modèle de l’autonomie.

Le modèle de la commande a l’avantage d’être bien connu, un peu comme une évidence dont on ne se rend même plus compte à quel point on compte sur elle. Selon ce modèle :

…quelque chose entre dans un processus, quelque chose en ressort.(22) 

C’est ainsi que nous réfléchissons le plus souvent, qu’il s’agisse de dire quelque chose à quelqu’un, d’arranger notre jardin en mettant de l’anti-herbe le long des chemins, d’enseigner quelque chose à quelqu’un, de conscientiser les gens, de développer les pays du Sud,… ou de prendre une décision politique!

Par contre, le modèle de l’autonomie est plus étranger à notre manière habituelle de réfléchir, quoique nous en fassions tous les jours l’expérience. Lorsque par exemple, nous interdisons quelque chose à un enfant, en rendant ainsi plus désirable encore l’objet de l’interdiction. Ou lorsque la presse qui annonce un fait de délinquance devient le moyen par lequel ce fait sert d’exemple à la réédition de mêmes actes ou encore lorsque les efforts que nous mettons à poursuivre un objectif finissent par se retourner en leur contraire. (23) 

Présentés en ces termes, les deux modèles de la commande et l’autonomie, apparaissent comme deux façons opposées de concevoir, tout effort de connaissance et toute action. En ce sens, la portée très générale de cette distinction la rend utilisable pour notre objet : l’action politique.

 

3.2.      Transposabilité(s)

A proprement parler, les modèles de la commande et de l’autonomie qualifient un rapport, un rapport entre un objet et son environnement.

Dans le cas d’une volonté de transformation d’un objet quelconque, en quoi consiste toute action, nous nous situons nous-mêmes dans l’environnement de l’objet à étudier ou sur lequel on cherche à avoir une action. Allons-nous :

   *  penser ce rapport en des termes de détermination simple, cadre dans lequel nous nous concevons nos actions comme des causes, comme des agents d’une transformation de cet objet ;

   *  penser ce rapport comme complexe, cadre dans lequel nous concevons nos interventions, non plus comme des causes, mais comme des agents perturbateurs de l’équilibre dynamique de cet objet, qui, par le jeu de ses rééquilibrations internes, va tenter de maintenir, son équilibre, dans une organisation remaniée.

Cette seconde position, comme on s’en doute, implique davantage de « modestie » que la première. Car, dans le modèle de l’autonomie, nous ne pouvons plus penser être à la seule initiative des transformations que vise notre action. Car les transformations intervenues seront bien davantage le résultat des diverses interrelations dont l’objet est le siège, qui déterminent son comportement propre et définissent son identité. Ainsi que le note Varela :

Selon les cas, nous pouvons nous intéresser ou ne pas nous intéresser à la question de savoir quelle perturbation a été à l’origine de quel comportement propre. Mais, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que c’est indépendamment de leur nature que les perturbations sont à même d’engendrer des transformations de comportements propres. (24) 

On pourrait ici prendre un exemple d’une toute autre nature que ceux que nous avons examinés jusqu’à présent, en nous intéressant au monde des médias. (25) On peut en effet voir dans les deux termes de l’opposition qui nous occupe, les rapports entre, pour parler simple, (26) ce qui se passe dans le monde et les médias.

Si l’on prend l’attitude du modèle de la commande, on peut alors voir le système presse comme rendant compte de flux d’événements existant en dehors d’elle, indépendamment d’elle. Dans cette conception, la presse représente ce qui s’est passé. C’est l’événement qui se passe qui explique que les médias en parlent. C’est la survenance de cet événement qui est la cause du comportement des médias.

Mais si l’on adopte l’approche du modèle de l’autonomie, on pourra davantage mettre en évidence les déterminations internes au système presse. Ainsi, la presse sélectionne et hiérarchise les événements. Elle a son propre langage, de plus en plus proche de la rhétorique publicitaire, diront certains. Elle crée elle-même l’événement. (Voir le syndrome CNN aux alentours de la guerre du Golfe). Les médias sont aussi, les uns envers les autres, dans une situation de rivalité mimétique, de saine concurrence, comme on le dit communément ! Les acteurs qui recherchent un « passage » se moulent dans des formes qui permettent à la presse d’en rendre compte, etc. On voit bien que dans cette conception des choses, la première page des journaux ou les titres mis en évidence par le présentateur ou la présentatrice du JT ne sont en fait que la partie visible de l’iceberg qui s’explique davantage, non par les événements eux-mêmes, mais par le jeu des rapports entre les différents éléments qui constituent le système presse. Ce dont le concept de clôture opérationnelle rend particulièrement bien compte.

 

3.3.      Synthèse : commande, autonomie et action politique.

La proposition centrale de cette contribution est la suivante. On peut concevoir les rapports enter ECOLO comme parti et la société sur laquelle il veut avoir une influence, non dans les termes du modèle de la commande, mais dans les termes du modèle de l’autonomie, au sein duquel les moyens d’action mobilisés interviennent au sein de la société comme autant de perturbations autour desquelles de nouveaux équilibres vont se reconstruire. En pensant l’action politique dans les termes du modèle de la commande, on s’illusionne sans doute sur l’efficacité des moyens de transformation dont un parti dispose et on s’expose aussi sans doute à pas mal de désillusions. En pensant l’action politique dans les termes du modèle de l’autonomie, on renonce sans doute à des rêves prométhéens de transformation du monde, mais on gagne sans doute en sagesse, en patience historique voire en meilleure inscription dans une des partis de la démocratie : la capacité de la société à s’inventer ses propres règles du vivre ensemble et à les modifier, le cas échéant.

Prenons l’exemple des rapports entre « le monde politique », pour prendre le vocabulaire médiatique, et la société dans son ensemble. Raisonnons aussi en des termes d’Etats nationaux. On pourra se poser la question de savoir quelle est l’image réciproque qu’ont les uns des autres les électeurs d’une part, et les responsables politiques, d’autre part. Si les rapports entre ces deux instances sont pensées en des termes de domination, de détermination, cela renforce, de la part des « décideurs », leur propension à s’illusionner sur leurs moyens d’action, sur le fait que leurs décisions soient immédiatement suivies des effets voulus. Réciproquement, cette même conception incite la population à tenter d’échapper à l’emprise de l’autorité publique.

On voit comment ces deux conceptions se renforcent mutuellement. L’emprise croissante de l’Etat suscite des comportements motivés par la volonté de s’y soustraire (fraude fiscale, petite ou grande, voire non participation aux élections…) et ces mêmes comportements justifient, de la part de l’Etat, la volonté de renforcer sa capacité de contrôle. (27) 

Par contre, si ces rapports sont compris en des termes de détermination réciproque, les choses peuvent être assez différentes. Car lorsque l’élection et les institutions politiques sont conçues comme des moyens par lesquels la société entend avoir prise sur ses orientations fondamentales, les acteurs politiques tiennent alors ce mandat d’orientation du jeu de l’élection et ont pour tâche d’organiser le débat et la participation des citoyens. De façon complémentaire, la population a pour tâche de contrôler qu’il y ait bien concertation et de collaborer effectivement à ces offres de participation. Contraste donc, entre ces deux conceptions.

a) une détermination simple, où l’un domine unilatéralement l’autre ;

b) une détermination réciproque, où les maîtres-mots sont davantage partenariat, concertation, écoute et participation. (28)

Formulée en ces termes, l’opposition qui nous a occupée ici fait nettement pencher la balance en faveur de la deuxième attitude, davantage en accord, sans doute, avec les options d’ECOLO. Toutefois, la logique de l’action, tant individuelle que collective, ne nécessite-t-elle pas quelquefois, comme nécessaire énergie, cette dose d’inconscience ou de naïveté qui nous permet de croire en notre capacité à changer le cours des choses ? Ce constat bien démoralisant en a découragé plus d’un(e) et les a drapés de cynisme. C’est dès lors à cette sagesse d’une action sans illusions excessives que nous sommes invités.

A méditer et à agir !

 

3.4.                  Tableau-synthèse.

Les oppositions binaires présentent tout à la fois l’avantage de la clarté et le risque de la simplification outrancière.

Forts des réserves que nous n’avons pas manqué de souligner, tentons toutefois, de conclure par la construction d’un tableau schématique, qui oppose l’un à l’autre, sur une série de critères, les deux modèles que nous avons distingués. (29)

 

IV  Repères bibliographiques

Les travaux de Francisco VARELA

Francisco VARELA :

Autonomie et Connaissance Essai sur le vivant, Seuil, Coll. La Couleur des Idées. 1989 (pour l’éd. française)

Connaître les sciences cognitives. Tendances et perspectives, Seuil, Coll. Science Ouverte. Paris, 1989

Invitation aux sciences cognitives, Points, Sciences, Paries, 1989, 1996.

Francisco VARELA, Evan THOMPSON, Eleanor ROSCH:

L’inscription corporelle de l’esprit. Sciences cognitives et expérience humaine, Seuil, Coll. La couleur des idées. Paris, 1993

J.W. HAYWARD et F.J. VARELA:

Passerelles. entretiens avec le Dalaï-Lama sur les sciences de l’esprit. Albain Michel, Spiritualités Vivantes, 1995.

 

Autres références possibles

Dirigé par Paul WATZLAWICK :

L’invention de la réalité. Contributions au constructivisme. Comment savons-nous ce que nous croyons savoir. Seuil, 1988. Cet ouvrage contient une contribution de Varela, chapitre introductif de « Autonomie et Connaissance » = « Le cercle créatif ».

Dirigé par Paul DUMOUCHEL et Jean-Pierre DUPUY :

            L’auto organisation : de la physique au politique.

            Colloque de Cerisy. Coll. Empreintes. Paris, 1983

Edgar MORIN :

            Terre-Patrie. (en collaboration avec Anne Brigitte KERN), Seuil. Paris, 1993

            La Méthode, (6 tomes).Seuil, Rééd. Points. (A partir de 1977)

            Pour sortir du XXème siècle, Seuil, Coll. Points. 1981

Gregory BATESON:

            Vers une Écologie de L’esprit, Tome 1 et 2, Seuil, Paris, 1977 et 1980.

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(1)  Aujourd’hui décédé. Son port d’attache en France était Le C.R.E.A. (Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée) de l’Ecole Polytechnique, à Paris.

(2)  Voir: L’avenir ses écologistes: deux interprétations. In: La Revue Nouvelle. N.1 Jan. 1986. Bruxelles .Pages 37 – 47

(3) Pour les lecteurs francophones, on pourra citer les livres de René DUMONT, ceux d’Ivan ILLICH, le rapport MEADOWS…

(4) Anecdote : en Belgique, le nom des partis politiques doit être un sigle. Dans le cas d’ECOLO, les personnes chargées de déposer la liste, prises au dépourvu, ont imaginé : « Écologistes Confédérés pour l’Organisation de Luttes Originales ».

(5)  Pour une lecture abordable : Pratique de la Dialectique.  Michel FUSTIER. Ed.; ESF/EME Paris, 1980
Pour un approfondissement, en plus de la bibliographie, on pourra consulter, très proche de l’écologie comme épistémologie, les ouvrages d’Egar MORIN, qui préfère d’ailleurs parler quant à lui de pensée dialogique. Plus abordable : Terre-Patrie. (En collaboration avec Anne Brigitte KERN), Seuil, Paris, 1993 – Plus monumental La Méthode. 6 tomes. Seuil Rééd.. Points. (à partir de 1977)

(6)  On ne peut que penser à cette citation de Gregory BATESON, – dont il faut aussi recommander la lecture – « Il est douteux qu’une espèce puisse survivre qui possède à la fois une technologie avancée et cette étrange façon de concevoir le monde. »  In: « Vers une Écologie de L’esprit ». Tome 1, Seuil, 1977. Page 252

(7)  Voir: Etrangers à nous-mêmes. Julia KRISTEVA. Gallimard. Paris, 1988 Rééd.. Coll. Folio. Essais. 1991 Voir aussi, autour de cette prétention de maîtrise de soi.  La cybernétique  du « soi »: une théorie de l’alcoolisme. Gregory BATESON; In: Vers  une Ecologie de l’Esprit. Tome 1 Seuil, Paris, 1977. Pages 225-252

(8)  VARELA F., Le cercle créatif, Esquisses pour une histoire naturelle de la circularité, in : WATZLAWICK, P. L’invention de la réalité, Contributions au constructivisme, Le seuil, Paris, 1988. Pages 329-344. (Le schéma est la Figure 23)

(9)  Il y a lieu de voir ici l’aboutissement du concept de circularité, de feed back, dégagé par les cybernéticiens. Ici, c’est tout le système qui est en boucle sur lui-même : il ne s’agit pas seulement d’une information en retour. Tout tourne : production, processus, produit, limites… Voir, notamment : Le Macroscope. Vers une vision globale. Joël de ROSNAY Seuil, Paris, 1975. Rééd. Points + La Systémique. Daniel DURAND.  PUF, Coll. Que Sais-Je. Paris, 1979 + Norbert WIENER: Cybernétique et Société. 10/18 Paris, 1962.

(10) in: Autonomie et Connaissance Essai sur le vivant. Francisco VARELA. Seuil Coll. La Couleur des Idées. 1989 (pour l’éd. française) Page 45

(11)  Francisco VARELA : Autonomie et Connaissance. Essai sur le Vivant. Ed. Seuil. Coll. La Couleur des idées. Paris, 1989
(*) Note de Varela : « Il serait difficile de développer ce point ici, mais les travaux de M. Merleau-Ponty sont une des meilleures introduction à ce problème. »

(12)  Voir: Edgar MORIN: La Méthode. Tome 3. La Connaissance de la Connaissance. Seuil, 1986. Rééd. Coll. Points. Pages 95-97

(13)  F. VARELA : Autonomie et Connaissance. Op. Cit. Page 135

(14)  Voir notamment : Isabelle STENGERS (ouvrage collectif) D’une Science à l’autre: des Concepts Nomades Seuil, Paris, 1987.

(15)  F. VARELA: Autonomie et Connaissance. Op. Cit. Page 90

(16)  L’auto-Organisation : De la physique au politique. Colloque de Cerisy. Sous la Direction de Paul DUMOUCHEL et Jean-Pierre DUPUY. Seuil. Coll. Empreintes. Paris, 1983

(17)  Voir, sur ce même thème : L’Invention de la Réalité Contributions au constructivisme. Comment savons-nous ce que nous croyons savoir. Dirigé par Paul WATZLAWICK Seuil. 1988

(18)  La Fascination de l’Auto-Organisation. In: L’auto-organisation. De la Physique au Politique. Op. Cit. pages 165-172

(19) Francisco VARELA : Autonomie et connaissance. Op. Cit. Page 174

(20)  Francisco Varela : Autonomie et Connaissance. Op. Cit. Page 199

(21)  Idem

(22)  F. VARELA. Autonomie et Connaissance. Op. Cit. Page 8.

(23) Une citation de Gregory BATESON : « … la vie dépend de circuits de contingences entrelacés, alors que la conscience ne peut mettre en évidence que tels petits arcs de tels circuits, que l’engrenage des buts humains ne peut manœuvrer.(…) La conscience non assistée [de phénomènes tels que l’art, le religion, le rêve, etc] tend toujours vers la haine; et pas seulement parce qu’il est de bon sens d’exterminer son voisin, mais pour encore une autre raison, plus profonde celle-ci : en ne saisissant que des arcs de circuits, l’individu est continuellement surpris et, par conséquent, irrité, lorsque ses stratégies « de tête », une fois mises en pratiques, se retournent contre leur inventeur. » (Vers Une Ecologie de l’Esprit. Tome I. Op. Cit. Pages 157-158.

(24)  Francisco VARELA. Autonomie et Connaissance. Op. Cit. Page 198.

(25) Une idée de Jean-Pierre MEUNIER, auteur notamment de « Approches systémiques de la communication », Systémisme, mimétisme, cognition, De Boeck, Bruxelles, 2003.

(26)  Une vision plus complexe des choses mettra l’accent sur le fait qu’un événement n’en devient un que lorsque la presse lui donne ce statut.

(27)  Les amateurs des idées de Gregory Bateson reconnaîtront ici la fameuse schismogénèse, devenue, dans le cadre de la cybernétique, le feed-back positif. (Vers une Ecologie de l’Esprit Seuil, Paris, 2 tomes. 1977-1980)

(28)  Cette section est extraite d’un article déjà publié dans deux numéros de ECOLO Info. N.3 et 4. 1995

(29)  Varela fait lui-même un tableau de ce type, qui oppose les concepts dominants en immunologie (ex : défense territoriale contre des invasions d’origine externe — adaptation et intégration, stabilité des « signaux » internes). Voir : Autonomie et Connaissance Op. Cit. Page 141

(30) Ce terme de métaphore est ici entendu dans le sens que lui donne George Lakoff de « structure schématique et imagée » de raisonnement.
Pour le développement de cette conception, voir, sur ce site, la page « Communication » et son onglet « Métaphores« .

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