COMPLEXITE

« Ne pas prévoir, c’est se préparer à gémir »

Léonard de Vinci

Lorsqu’Edgar Morin reprend l’étymologie du terme complexité (« cum plexus », ce qui est tissé ensemble) , c’est notamment pour insister sur la vanité qu’il y a à séparer les unes des autres chacune des fibres du tissu dont on cherche à connaître les caractéristiques.
Ainsi conçue, la complexité n’est pas un obstacle à la compréhension, mais au contraire ce qu’il y a lieu d’aborder, en la respectant dans ses intrications dynamiques et non en séparant ses membres mutilés. Pour le dire autrement : « Distinguer sans séparer, relier sans confondre », selon le titre d’un livret édité par le CDGAI.

Deux « maîtres à penser » que j’affectionne tout particulièrement en ce domaine : Gregory Bateson et Edgar Morin.

Tel sera alors mon projet : rendre accessibles et utilisables pour l’action collective les travaux d’auteurs qui réfléchissent, non avec des conceptions mutilantes et réductrices, mais avec le souci de prendre en compte interdépendances, complexité et indétermination.

Relier plutôt que séparer

Dans «Le Macroscope», son ouvrage toujours de référence, plus de quarante ans après sa parution, Joël de Rosnay présente ce trait comme premier dans l’opposition schématique qu’il propose sous forme de tableau entre l’approche analytique et l’approche systémique. Cette dernière «relie: (elle) se concentre sur les interactions entre les éléments.», tandis que celle-là «isole: (elle) se concentre sur les éléments.»

Centrer son attention sur les relations plutôt que sur les éléments, qu’est-ce à dire? En quoi cet accent sur les relations, les rapports, les interactions, représente-t-il tout à la fois une caractéristique majeure de l’approche complexe et une difficulté à appréhender ce mode de pensée?

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Des chiens ou des boules de billard ?

On sait que dans son itinéraire intellectuel, Gregory Bateson a été amené à s’intéresser au dualisme esprit-matière, qu’il situe à la base de l’épistémologie dominante en Occident, une épistémologie selon lui inappropriée à rendre compte des phénomènes complexes. On voit l’aboutissement de cette réflexion dans «La Peur des Anges».

C’est dans le cours de cette préoccupation qu’il va s’inspirer d’une distinction initialement proposée par C.G. Jung et dont Bateson va entreprendre de tirer toutes les conséquences pour son propos. Voyons en quoi consiste cette distinction et en quoi elle peut bien être utile pour saisir un aspect de la pensée complexe.

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Niveaux d'apprentissage, selon Bateson

La «Théorie des Types Logiques» occupe une place singulière dans l’histoire intellectuelle de Gregory Bateson. Cet outil issu de la logique formelle mathématique l’a fasciné. On sait qu’il a cherché, durant toute sa carrière, à établir des ponts entre différentes disciplines, cherchant notamment à revisiter les sciences humaines et à élaborer une science de la communication à la lecture des principaux concepts de la cybernétique. Les différences entre niveaux sont déjà présentes à ce stade. Ainsi, la distinction «Indice – Ordre», correspondant, dans la structure des ordinateurs, à la distinction entre les «données» et les «programmes» a fourni la base de la distinction pragmatique entre «Contenu» et «Relation».

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L'épistémologie des anguilles: question de niveaux

Une « histoire belge » servira de base à une réflexion sur l’importance d’être vigilant aux distinctions de niveaux.
Cela se passe à Bruxelles, dans une de ces petites rues des environs de la Grand Place, fréquentée par des touristes et dans laquelle on trouve nombre de restaurants aux spécialités de poissons et fruits de mer.
A la devanture d’un de ces établissements, une poissonnière attire le client en procédant en public à la préparation des anguilles. Elle a devant elle trois bacs. Elle plonge la main gauche dans le premier et en ressort une anguille vivante. Elle lui tranche le cou, lui ouvre le ventre, puis jette tête et viscères dans le deuxième bac, avant de mettre dans le troisième bac l’anguille nettoyée, ou plus exactement ce qu’il en reste. Attirés par le spectacle, …

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Traitements médiatiques des conflits sociaux

L’article propose d’aborder le traitement par les médias des conflits sociaux en considérant les traces de ces traitements non pour elles-mêmes, mais en tant qu’elles révèlent des fonctionnements internes à chacun des multiples acteurs intervenant dans une prise en compte élargie de cette problématique, autant que des règles qui s’élaborent au fil des rapports entre eux.
Différents auteurs sont sollicités pour montrer la complémentarité d’approches se situant à des niveaux différents de cette complexité.

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Commandements de la complexité

Dans « Science avec conscience« , Edgar Morin propose un exposé systématique des traits caractéristiques de l’approche qu’il promeut (paradigme de la complexité) et les opposant point par point au paradigme de la simplification.

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